A qui profite l'information ?







       En ce moment je trouve qu'on peut vraiment hésiter à publier des infos, du code ou des exploits, aussi modestes soient-ils.
En effet je ne dirais pas que les beaux jours du hacking/phreaking/etc sont derrière nous, mais la situation présente n'est pas des plus réjouissantes. Si je pense cela, c'est surtout parce que je trouve qu'il y a beaucoup plus de monde à profiter de la situation qu'à vouloir apporter sa pierre à l'édifice de la scène underground.
Parlons rapidement du business médiatique tout d'abord. Les médias profitent du phénomène «hackers» pour se faire de l'audience et de la tune. En fait, il s'agit d'un phénomène qu'ils ont élaboré de toute pièce en prenant pour base quelques rares fait dans le milieu underground. Hormis le fait que les journalistes viennent régulièrement relancer les personnes concernées et leur prendre la tête au sujet de moultes interviews et bouquins, cela crée et entretient la désinformation à propos de ce que sont réellement les gens de la scène underground. Bien sur, les politiques profitent comme d'habitude de cette désinformation pour relancer leurs programmes de répression (vigipirate, échelon, etc...).
Qui plus est, la plupart des personnes qui se lancent dans la scène actuellement est plutôt du genre à se prendre pour le héros de Matrix qui porterait un tee-shirt «free mitnike» pour l'occasion. (On pourra d'ailleurs remarquer sur le dit tee-shirt que leur sens de l'orthographe peut finir par faire croire à un signe de reconnaissance entre eux tellement c'est flagrant). Alors il faut se poser la question, pourquoi est-ce qu'on écrit dans un zine ? Pour faire perdurer la rumeur du «méchant hacker» ? Pour donner un peu plus de vocabulaire aux journalistes ? Pour que des lamers tout droit sortis du forum de Taz puissent se faire enfler les chevilles en pensant à leur prochain «hax» sur le site de la NASA ?
Franchement ca mérite d'y réfléchir.

Mais ou sont les autres ? Ceux qui passent leurs nuits à déchiffrer des docs trashées, à coder, à essayer de comprendre un vieil OS ésotérique, ou à faire du reverse ingeneering sur de quelconques eproms ? La question se pose.
S'ils préfèrent éviter le contact avec d'autres ça se comprend. A quoi bon échanger des connaissances avec des gens qui les utiliseront sans même les comprendre et les diffuseront sans même se poser de question ?
Cependant une chose est sure, une bonne partie des personnes connues de la scène à maintenant un emploi et s'est plus ou moins retirée (paix à leurs âmes ;). Il est bien connu que la meilleur façon d'empêcher un hacker ou un phreaker d'agir n'est pas de l'arrêter, il pourrait recommencer après. Donnez lui plutôt un boulot et il n'aura plus le temps de rien faire !
Justement c'est l'occasion pour parler des boites dans lesquelles travaillent ces personnes. Quand il ne s'agit pas d'entreprises ayant des contrats de veille technologique avec les organisations gouvernementales (entendez par là ce que vous voulez), il s'agit quand même en général de boites de sécurité. Non seulement ces boites profitent également de la vague crainte du «hacker» engendrée par les médias pour justifier leur existence, mais elles lisent également les zines. Et bien sur elles s'en servent allègrement comme sources d'information. Là encore, publier des infos pour qu'elles soient invalides juste après, parce que des entreprises sont tombées dessus et ont décidé de remédier au problème, ca donne envie d'écrire. Hé oui, publiez... et c'est patché !

Oui, donc qui sont les ennemis des hackers ? Le journaliste, le lamer, le professionnel de la sécurité, l'administrateur système, le politicien, l'agence gouvernementale de répression (AGR, ca existe pas encore ça ? enfin bref les V quoi...). Quand un hacker écrit dans un zine, c'est aussi à eux que ça profite. Oserai-je dire surtout a eux ? Et après on peut s'étonner que le milieu de l'informatique devienne de plus en plus sécurisée.
Mais bon, certaines personnes parlent de la relève, de «newbies d'aujourd'hui, élite de demain». J'avoue que je comprendrais mieux la signification de tout ça si on voyait réellement cette soit disante relève. D'autres personnes parlent d'échange de l'information mais la je vois surtout de l'échange à sens unique voir pas d'échange du tout (c'est également valable pour certaines personnes qui en ont pourtant les moyens).

Voilà, ca aurait pu être ma conclusion, mais je voudrais rajouter quelques mots a propos de vocabulaire. Il faut croire que le vocabulaire de la scène underground suit lui aussi une sorte de mode. On parlait, il y a quelque temps, de «hackers» de «lamers», etc... Apparemment maintenant il ne faut plus dire hacker, mais plutôt dire qu'on s'y connaît en sécurité informatique. Pourquoi ? Parce que maintenant «hacker» ça fait «lame» (mot qui à lui aussi été remplacé, par «script-kiddy»). Tout ça parce que les médias emploient ce mot («hacker») à tue-tête, et la description qu'ils en donnent correspond effectivement à «lame». Cela prouve que dans un milieu qui se dit underground les gens subissent eux aussi l'emprise des médias. Je trouve ça dommage.

Voilà je terminerai là dessus, et je sais que certaines personnes vont trouver mes propos pessimistes (ou optimistes selon le point de vue, hein messieurs les V ?). Mais je dis ce que je pense. Je dirai sûrement quelque chose de plus joyeux quand j'aurai à mon tour été lobotomisé, sûrement après quelques visites chez disneyland ou après quelques séances intensives de télé.


Drahiin.







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